Origine et histoire de l'Hôtel de Lasbordes
L'hôtel du Vieux-Raisin, aussi appelé hôtel Maynier ou hôtel de Lasbordes, est un hôtel particulier de la Renaissance situé à Toulouse entre les quartiers du Parlement et de Saint-Étienne ; son nom provient d'une taverne dont l'enseigne portait une grappe de raisin. L'édifice résulte de trois principales phases de construction : un premier hôtel édifié dans la seconde moitié du XVe siècle — sans doute pour Pierre Dahus et comprenant l'actuel hôtel Dahus-Tournoer (9 rue Ozenne) et l'hôtel du Vieux-Raisin —, des travaux entrepris vers 1515 par Béringuier-Maynier qui construisit les ailes nord et sud et une petite tour d'escalier, puis des aménagements vers 1547 qui prolongèrent les ailes et les relièrent par un mur de clôture percé d'un portail et d'un portique. De la période de Béringuier-Maynier datent des fenêtres superposées ornées de rinceaux et de fines sculptures, ainsi que l'encadrement de la porte de la tour ; le médaillon représentant un jeune homme est une reproduction du milieu du XIXe siècle du jubé de la cathédrale Saint-Bertrand de Comminges (1535). Jean Burnet, propriétaire de 1547 à 1577, fit percer des fenêtres à meneaux décorées d'atlantes et de cariatides et installa un portique inspiré de la loggia de l'hôtel d'Assézat, avec colonnes doriques et appareil mêlant brique et pierre ; ses armes figurent encore sur les caissons du portique. Des actes notariés récemment découverts montrent par ailleurs que certains travaux autrefois attribués à Jean Brunet et à l'architecte Nicolas Bachelier sont plutôt dus au propriétaire suivant, Pierre de Lancrau, évêque de Lombez, qui fit surélever la grande tour et orna la cour de plusieurs fenêtres spectaculaires. L'édifice a été fortement remanié aux XVIIIe et XIXe siècles, avec modifications d'ouvertures et surélévations, et le corps postérieur a été en partie emporté par le percement de la rue Ozenne en 1907. En 1909 un nouveau corps de bâtiment donnant sur la rue Ozenne fut construit d'après des plans dressés par l'architecte J. Dargein, tandis qu'un plan de 1876 dressé par l'architecte Raynaud documente des transformations de fenêtres en rez-de-chaussée pour le propriétaire Gay. L'hôtel illustre le contraste brique/pierre caractéristique de Toulouse, la fenêtre y constituant le support privilégié du décor destiné à afficher le rang du commanditaire. Les ouvertures de Béringuier-Maynier sont enrichies de pilastres, candélabres et rinceaux ; une fenêtre de la rue du Languedoc attribuée à Jean Burnet s'inspire d'une gravure de Jacques Androuet du Cerceau, adaptée et enrichie de figures humaines et hybrides. Dans la cour, les atlantes de l'étage, crispés par l'effort, soutiennent l'entablement des baies, et au rez-de-chaussée des figures hybrides aux pattes de lion montrent une grande diversité et un réalisme notable. Sous certaines fenêtres, des motifs de cuirs découpés rappellent la Galerie François Ier de Fontainebleau et des œuvres de sculpteurs comme Cellini ou Michel-Ange. La grande tour conserve une large vis de pierre aux moulures gothiques, profondément remaniée aux périodes suivantes, et la tour d'escalier principale porte des décors sculptés et une porte ornée d'une devise latine. La cheminée d'apparat, destinée à souligner la culture humaniste de Béringuier-Maynier, déploie un décor renaissant célébrant la fortune, l'abondance et la fertilité, avec armes, médaillons et guirlandes d'abondance. L'édifice a été classé au titre des monuments historiques en 1889. Parmi les éléments épigraphiques et sculptés figurent notamment la devise VIVITUR INGENIO CETERA MORTIS ERUNT au-dessus de la porte de la tour et l'inscription TOGUATI MAINERII EDES / LINGUA CONSTRUCTE FLORENT rue Félix.